lundi 21 mars 2011

Gaspillage

From 31 July 2010 StemCells&AtomBombs: Wasted

"L'échec du gouvernement de jouer un rôle central de planification et de coordination constitue la principale raison pour laquelle les thérapies par cellules souches n'ont pas abouti à un remède pour les maladies et cet échec va vous coûter cher maintenant et dans le futur."

Je commence aujourd'hui avec une citation audacieuse. Faire une simple déclaration comme cela sans aucune explication est le meilleur moyen de passer pour un fou. Mais asseyez-vous avec quelqu'un à la table de sa cuisine et discutez du pourquoi et vous comprendrez beaucoup mieux et peut-être vous révolterez-vous un peu. Alors aujourd'hui, prenez une chaise, sortez les tasses et servez le café. Parlons de l'échec dans la guérison des maladies.

Commençons par un petit éclaircissement. Le but du post d'aujourd'hui n'est pas de critiquer les entreprises de recherche sur les cellules souches qui privilégient les profits au détriment d'un traitement. Cela reviendrait à reprocher au chat de manger des souris. Mais je vais être clair, les profits interfèrent dans la recherche d'un traitement. Regardons les choses en face : l'entreprise qui réussira à soigner les blessures de la moelle épinière ou le diabète fera d'énormes profits, il n'y a donc aucune raison pour elle de partager les résultats de ses recherches. Cela aboutit à la multiplication par trois, par quatre ou par quatre cent des entreprises réalisant la même recherche parce qu'il n'y a aucun intérêt pour des entreprises privées de coordonner ou de partager leur travail. C'est un gaspillage, non seulement d'argent, mais aussi de ressources humaines et de potentiel humain.

Je vais donner un exemple clair pour que les gens ne pensent pas que j'invente tout cela. Associated Press rapportait le 11 juin 2010 que, "dans une démarche peu commune, une douzaine d'entreprises pharmaceutiques concurrentes se sont mises d'accord pour partager des données sur des milliers de patients atteints de la maladie d'Alzheimer dans l'espoir que ces informations supplémentaires amèneraient de nouvelles idées de traitements... C'est ce genre de collaboration qui représente un changement capital pour accélérer le développement des médicaments... Elle a été menée par le Critical Path Institute, un partenariat sans but lucratif avec la FDA (Food and Drug Administration) qui vise à encourager la découverte de nouveaux traitements."

Maintenant regardons les trois mots les plus importants dans cet article, ils apparaissent en gras.

Peu commune : Ce n'est pas quelque chose qui arrive de manière régulière avec les entreprises de recherche médicale, d'où l'utilisation de l'expression "peu commune". Ce n'est pas non plus la norme dans la recherche sur les cellules souches. Alors comment est-ce arrivé ? C'est arrivé parce que les efforts passés des entreprises privées ont échoués. Je ne dis pas que les entreprises ont échoué, c'est l'Associated Press qui le dit.

Accélérer : Hâter. Presser. Cela arrive parce que, quand vous collaborez, vous partagez des données mais ne dépensez pas d'argent (dans la plupart des cas l'argent des taxes) en répétant les mêmes expériences infructueuses. Encore une fois, je ne dis pas qu'une collaboration permet d'accélérer la recherche, c'est la FDA des États-Unis qui le dit.

Sans but lucratif : Sans profit. Bien sûr il faut que cela soit sans but lucratif. Quand on ajoute les profits à l'équation, personne ne coopère. Ce n'est pas parce que les profits sont intrinsèquement mauvais, mais ils n'incitent pas à la coopération. Le genre de coopération à laquelle les entreprises privées sont maintenant forcées d'adhérer après des années d'échecs dus à un manque de coopération.

A part constituer un gaspillage de ressources humaines, cela ne serait pas grave si seulement c'était leur propre argent qu'ils utilisaient pour financer la recherche mais ce ne l'est PAS. Les gouvernements partout dans le monde utilisent votre argent pour financer les fonds privés dont le but est de faire des profits tout en essayant de développer les thérapies par cellules souches. Cela ne me parait pas un projet très libre.

Prenons par exemple le fond de trois milliards de dollars de California Stem Cell. Maintenant, avant que je ne reçoive des commentaires me disant que ce fond contredit ma logique selon laquelle le gouvernement ne joue pas un rôle assez grand, laissez-moi expliquer trois choses. De bonnes choses sortent de ce fond ET c'est un cauchemar bureaucratique ET une utilisation inefficace de l'argent des taxes parce qu'il n'y a pas assez d'argent ce qui entraîne un réel gaspillage (essayez d'acheter une bouteille de soda à un dollar et vous comprendrez de quoi je parle. Le vendeur va prendre votre pièce si vous insistez mais il ne vous donnera pas le soda).

Maintenant laissez-moi vous dire pourquoi cela n'est pas assez. Ce n'est pas assez parce que ce n'est QUE trois milliards de dollars et que, même après six ans, le fond n'en a utilisé qu'un pour le financement. Oui, SEULEMENT un milliard (il est prévu qu'il faudra sept ans de plus pour distribuer les deux restant). 

Pour que vous puissiez voir combien un petit milliard de dollars est peu, je vais vous donner un fait très intéressant.

Escarres de décubitus. Les gens souffrant de blessures de la moelle épinière les attrapent. Elles ne sont pas seulement inconfortables mais aussi dangereuses. Le coût pour traiter ce simple problème secondaire conséquence des blessures de la moelle épinière est de 1,2 milliard de dollars par an, rien qu'aux États-Unis. Voilà pourquoi un milliard de dollars c'est peu en ce qui concerne les financements pour les cellules souches.

Rappelez-vous que les blessures de la moelle épinière sont seulement un des problèmes de santé qui pourraient potentiellement être soignés avec des thérapies par cellules souches, mais il existe près de soixante-dix autres conditions dans ce cas. Ajoutez les coûts pour traiter ces maladies et vous verrez qu'un REMÈDE est beaucoup, beaucoup moins cher que les soins. L'échec de réunir un financement approprié pour la recherche sur les cellules souches n'est pas gratuit, cela vous coûte déjà de l'argent et continuera à vous en coûter dans l'avenir.

De plus, la bureaucratie a besoin de beaucoup d'argent pour contrôler le financement : le fond California va dépenser à lui seul 1,25 million de dollars (sans les coûts de personnel) pour créer un programme informatique servant à contrôler et suivre les requêtes de financement (c'est de l'argent en moins pour la vraie recherche sur les cellules souches et du temps perdu). Pour résumer, vous avez tout un tas d'installations de recherche privées et publiques (encore une fois, votre argent sert à financer des profits privés) et elles font des requêtes. Ces requêtes ont besoin d'être vérifiées et revérifiées. C'est une des principales raisons pour lesquelles il faudra treize ans pour dépenser les trois milliards de dollars de subventions que l'on a désespérément besoin maintenant.

Et la Californie n'est pas le seul endroit où cela se passe. Le Maryland, le New Jersey, et New York, ainsi que le gouvernement fédéral des États-Unis ont tous leurs fonds propres avec leur propre bureaucratie pour l'administrer. Multipliez cela par les cinq ou six pays les mieux placés dans la recherche sur les cellules souches et vous obtenez un GASPILLAGE MASSIF ! C'est de l'argent utilisé simplement pour administrer l'argent de la recherche sur les cellules souches. De l'argent qui ne permettra pas de créer de nouveaux yeux ni de soigner la sclérose en plaques.

Nous devons applaudir la Californie et les autres états américains pour leur courage dans le financement des cellules souches alors que l'administration Bush refusait les financements, et, pour le bien de tous, nous devons critiquer l'inefficacité de la méthode et le gaspillage qui est fait.

Cependant, je peux critiquer autant que je le veux, mais si je ne commence pas à offrir quelques alternatives, on va me traiter de vrai fou. Cependant, le blog d'aujourd'hui est déjà beaucoup trop long, alors je vais vous laisser faire une pause et je m'inviterai à prendre un café pour le prochain post concernant une alternative efficace pour financer, gérer et organiser la recherche sur les cellules souches.

P.S. : Juste un petit exercice marrant. J'ai trouvé les informations sur l'Alzheimer en utilisant une alimentation en nouvelles, mais je reçois et consulte beaucoup d'articles chaque jour. Puisque je voulais utiliser ces informations pour le post d'aujourd'hui mais que je n'arrivais pas à me rappeler le nom de l'article, j'ai fait une simple recherche pour essayer de le trouver de nouveau. Essayez.
1. Google : "alzheimer's companies share research", vous trouverez l'histoire dont j'ai mis le lien avec beaucoup d'autres.
2. Google : "stem cell companies share research". J'espérais trouver des articles similaires à celui sur l'Alzheimer avec des entreprises partageant leurs informations. D'abord, je n'ai pas compris les résultats de la recherche car sont apparus beaucoup d'articles financiers en rapport avec les cellules souches. A vous de trouver pourquoi. Cela donne un autre sens à "share and share alike (partager et actions, même combat".

samedi 12 mars 2011

Voilà qui est cher

From 25 July 2010 StemCells&AtomBombs:That's expensive.

J'essaie une nouvelle chaise roulante. En fait, j'ai essayé des tas de chaises roulantes. Les gens pensent sûrement que c'est ma nouvelle marotte.

150,000 yens = 1400€

Quand j'ai testé ma première chaise roulante non-hospitalière, ma famille et mes amis étaient vraiment impressionnés par son look sportif. Mais au bout de la cinquième, je suis sûr qu'ils se disaient, "Quelle différence avec la première, la deuxième, la quatrième ?" Ma foi, quand vous êtes obligé d'y être assis du matin au soir, vous voulez une chaise parfaite, parce que vous allez y être assis tout... le... temps. Jusqu'au jour où j'ai découvert la chaise qui permet d'être debout.

Ceux d'entre vous familiers avec le monde des lésions de la colonne vertébrale connaissent peut-être déjà, mais pour ceux qui ne savent pas, voyez ces quelques liens : Levo Standing Wheelchair, Hero Standing Wheelchair, et si vous faites une recherche Google "standing wheelchair", vous en verrez d'autres.

450,000 yens = 4100€

Etre debout, au-delà du fait d'être cool, présente de nombreux avantages au niveau santé, comme celui d'enrayer les pertes musculaires ou d'améliorer le fonctionnement des reins et de la vessie. Ce coup-ci, personne n'a eu l'air de s'ennuyer en la voyant. J'ai eu beaucoup de commentaires positifs, mais celui qui m'a le plus marqué est : "ça doit être cher."

"Eh bien oui, bien sûr c'est cher. C'est de la haute technologie," ai-je répondu, "et elle me permet de me lever." Et effectivement, c'est cher, environ 450 000 yens (dans les 4100€), elle me permet effectivement d'être debout, mais je dois dire que je n'étais pas très convaincu de ma propre réponse. Par conséquent, comme j'ai beaucoup de temps, j'en ai pris un peu pour réfléchir à propos de cette nouvelle chaise.

Vous avez tous déjà vu une chaise roulante, alors soyons réalistes ; même avec toutes les options, armes et bagages, la structure n'est pas plus high-tech qu'un vélo, et personne n'a envie de débourser plus de 4000€ pour un vélo. Le mécanisme de levage "high tech" est un système hydraulique (et ils existent depuis des siècles).

Bien entendu, nous connaissons tous la réponse à cette question du point de vue économie de base. Chaque unité coûte cher, car le volume des ventes est faible. Réponse numéro 1, correcte !

La réponse numéro 2 est plus complexe. Nous connaissons aussi une autre soi-disant théorie des prix, la théorie dite de "ce-que-le-marché-peut-supporter", mais 4100€, est-ce vraiment "ce-que-le-marché-peut-supporter" ? Pour les chaises roulantes, il semble que cela soit "ce-que-les-assureurs-peuvent-tolérer". Dans de nombreux cas, les sociétés d'assurance, privées ou publiques, aident à payer les coûts extrêmement élevés de ces engins low-tech, et donc ces prix gonflés sont finalement compensés par les cotisations des assurés qui n'utilisent pas de chaises roulantes.

Dans les cas où les sociétés d'assurance privées ou publiques ne prennent pas en charge la chaise, le système de prix de "ce-que-le-marché-peut-supporter" s'écroule complètement : avec un taux de chômage de 63% (aux Etats-Unis), les non-assurés ne peuvent pas se permettre de débourser une telle somme, ce qui réduit encore le marché et augmente encore les prix.

Cependant, ce blog est à propos des cellules-souches, pas des chaises roulantes. Avant de me faire rappeler à l'ordre pour avoir changé le sujet du blog, je souhaiterais examiner le cas de la société française ACME Gastronomie, pour une rapide leçon d'économie.

John Q demanda à ACME de mettre au point une nouvelle création gastronomique. Il tenait tellement à satisfaire son besoin qu'il accepta non seulement de payer le coût de tous les ingrédients qui seraient nécessaires à la création de ce nouveau plat (qu'ils soient utilisés ou non dans la création finale) mais également de payer la formation de tous les cuisiniers et autres employés d'ACME. Encore plus important, c'est John Q qui fournit à la société l'argent pour embaucher des chefs renommés (et moins renommés).

De nombreuses années plus tard, ACME finit sa création, et John Q était prêt à manger. Quand il avait entendu que le plat commandé était presque terminé, il s'était lui-même affamé afin de profiter au maximum de ce délice. Finalement, il se mit à table, sur son 31. Le président d'ACME viendrait lui servir le plat en personne, dans la porcelaine la plus fine, à déguster avec des couverts en argent incrustés de diamants. Alors que le président s'approcha, porteur d'un plateau d'argent, John Q trépignait d'impatience...

Mais la suite lui coupa le souffle. Quand le président souleva le couvercle du plateau, et que John put en voir le contenu, il vit que tout ce qu'on lui présentait, c'était une note faramineuse. Il savait bien qu'il devrait payer quelque chose, mais après avoir financé tout le projet, il se dit que ça ne pouvait pas être aussi cher ! Il ne pouvait pas débourser autant, and quand il protesta à propos de la note, la réponse le stupéfia. 

Le président d'ACME l'informa que puisqu'il avait lui-même pris le risque de commander ce plat extravagant, le prix était plus que raisonnable. 

John répliqua, "J'ai déjà payé tout ça. C'est grâce à moi que vous aviez un emploi et un salaire, toutes les années avant que vous ne produisiez ce plat." John fut assommé par la réponse du président d'ACME : ce dernier partit, tout simplement. John se retrouva tout seul, l'estomac vide et les poches encore plus vides.

Maintenant, un petit sondage. Combien d'entre vous pensent que John a été escroqué ?

Peut-être qu'il est inutile de poursuivre jusqu'à la recherche sur les cellules souches, dans l'article d'aujourd'hui. Je ne voudrais pas assommer quelqu'un.