mercredi 3 août 2011

Si j'étais un singe, moi aussi je sauterais

From 19 December 2010 StemCells&AtomBombs: If I were a monkey, I'd be jumping, too


Tout le monde a des bons et des mauvais jours. Les gens en chaise roulante aussi, mais parfois c'est un peu plus prononcé que pour les autres. Les mauvais jours ont tendance à avoir un impact plus fort sur notre corps.

Ces derniers temps, les bons jours sont pour moi nettement plus nombreux que les mauvais ; c'est à la fois une bonne et une mauvaise chose. C'est une bonne chose dans le sens où je suis en mesure de passer la journée sans me sentir mal, sans être irrité, et la vie quotidienne est donc plus facile à gérer. La réintégration dans la société est un peu plus envisageable lorsqu'on ne se sent pas trop mal à cause de douleurs, de démangeaisons ou d'un derrière endolori.

Le côté négatif des bons jours, pour ceux victimes de lésions de la colonne ou d'autres problèmes chroniques, c'est qu'ils nous incitent à penser que la vie en chaise roulante n'est pas si terrible. Que passer toute notre vie dans une chaise roulante ne serait pas si terrible. Qu'il est peut-être inutile de se battre pour un traitement, alors que nous avons tant de "bons" jours.

Et donc régulièrement, je dois me le rappeler : même si les choses vont plutôt bien pour moi, je dois continuer à me battre pour ma guérison. Le but est de remarcher... pas d'apprendre à apprécier ma chaise.

Bien entendu, si la guérison était impossible, alors peut-être que se résigner serait la meilleure solution ; cependant, des annonces faites récemment cette année, à propos des traitements à base de cellules souches pour les lésions de la colonne vertébrale, indiquent que nous sommes tout proches... Mais votre aide est nécessaire.

L'objectif de ce blog n'a jamais été d'être un journal scientifique, mais de faire prendre conscience aux gens combien ce qui était autrefois inimaginable est devenu possible. Il n'y aurait aucun sens à vous demander de vous battre pour un traitement des lésions de la colonne vertébrale si vous ne croyiez pas que cela était possible, ou si la science nécessaire n'existait pas.

La science réalise actuellement des choses fantastiques, qui auront un impact sur moi et sur d'autres gens que vous connaissez peut-être, dans un futur très proche ; mais nous n'obtiendrons pas ces choses sans pousser nos gouvernements à accélérer le processus et à dépenser les ressources indispensables pour obtenir ces traitements.

Voici une annonce très importante en provenance du Japon, datant de ce mois.

Tout d'abord, l'annonce, il y a quelques semaines, ici même au Japon : grâce à des induced pluripotent stem cells (cellules iPS, pour faire simple il s'agit de vos propres cellules, remises à l'état embryonnaire, capables ainsi de devenir n'importe quel type de cellule), des singes paralysés ont été guéris. Ces singes avaient le corps entièrement paralysé en dessous du cou, et moins d'une semaine plus tard ils avaient récupéré de la force dans les mains et pouvaient se tenir debout. Six semaines plus tard, ils sautaient ; de joie, je parie.

Les cellules iPS présentent encore des problèmes. Il y a des craintes que ces cellules ne dégénèrent en cancer, mais les singes dont je parlais n'ont pas la moindre trace de cancer après trois mois. Il faut également beaucoup de temps pour créer ces cellules. Dans le cas des singes, il a fallu six mois, mais pour eux la transplantation a eu lieu seulement neuf jours après leur paralysie. La route est encore longue, mais nous approchons du but.

Le point le plus important à propos de ces cellules, c'est qu'elles ont été créées à partir de cellules de souris en 2006, puis de cellules humaines en 2007. Trois ans plus tard, elles sont utilisées pour traiter des lésions de la colonne sur des animaux. Voilà qui est rapide, et qui montre tout le chemin parcouru par la recherche sur les cellules souches.

Comparez cela aux cellules souches embryonnaires, et vous verrez combien les choses évoluent vite. En 1981, des cellules souches embryonnaires de souris étaient pour la première fois isolées et cultivées. Il a fallu 17 ans pour être capable d'en faire de même pour les cellules souches embryonnaires humaines, puis encore 7 ans afin de pouvoir les utiliser sur des souris paralysées. Et ce n'est que cette année, alors que voici quatre ans que les souris ont remarché, que les tests ont commencé sur les êtres humains. Nous sommes encore en attente des résultats de ces études, mais ils s'annoncent très intéressants.

Je n'essaie pas de promouvoir un type de cellules face à un autre. Je m'efforce simplement de montrer combien les choses évoluent vite, et que la science nécessaire pour me sortir de cette chaise est là. Et maintenant, si nous pouvions faire en sorte que les gouvernements soutiennent ceci, moi aussi je me mettrais à sauter.