mercredi 20 avril 2011

Plus grand que la puissance de l'atome – 2e partie

From 25 August 2010 StemCells&AtomBombs: Greater than the might of atoms - Part II


La première partie – "Plus grand que la puissance de l'atome multipliée par mille" se trouve ici

En lire plus sur le site Detroit News
La photo sur la gauche a été prise durant la grève sur le tas de 1936 à General Motors. Vous vous posez peut-être une question fort judicieuse en ce moment... "S'il s'agit d'une grève sur le tas, pourquoi sont-ils tous en train de marcher dans la rue ?" Si vous vous êtes vraiment posé la question, et si vous souhaitez connaître la réponse, continuez à lire cet article.

Comme d'habitude, mon objectif n'est pas de vous donner une leçon d'histoire (je vous indiquerai des liens intéressants au fil du blog), mais d'attirer votre attention sur des évènements historiques importants en eux-mêmes comme pour notre campagne pour la recherche et l'accès aux traitements basés sur les cellules souches.

Pour faire court, cette grève sur le tas à Flint était très exactement une grève sur le tas, les ouvriers se sont assis et ont occupé leurs usines. Au lieu d'agir à l'extérieur (et de laisser ainsi le contrôle des moyens de production matériels à l'employeur), les ouvriers décidèrent de rester à l'intérieur, pour empêcher leurs patrons de déplacer les équipements ou d'essayer de relancer la production. Ca n'était pas la première grève de ce type, mais certainement la plus grande et la plus efficace ; à la fin, General Motors (le plus gros employeur de la planète, à l'époque) fut forcé de faire des concessions et de reconnaître le syndicat United Autoworkers Union, ce qui contribua à l'amélioration des salaires et des conditions de travail dans toute la société américaine, alors que les ouvriers d'autres industries se trouvaient enhardis par cette victoire.

Mais le côté "sur le tas" n'était que l'élément le plus visible. Sans l'aide des sympathisants syndicaux et citoyens, qui encerclèrent l'usine pour bloquer la route de la police, et plus tard brisèrent les fenêtres pour permettre l'évacuation du gaz lacrymogène toujours tiré par la police, la grève se serait terminée de façon bien différente.

Je pense également qu'il s'agit d'un événement qu'il est important d'étudier, parce que les ouvriers étaient assis "sur le tas". Beaucoup d'entre nous, parmi ceux qui pourraient bénéficier de thérapies à base de cellules souches, sont déjà assis (plus une fermeture qu'une grève...) et cet état de fait a un impact énorme sur l'économie. Mais c'est un sujet pour un autre jour.

Je pense qu'il y a trois grandes leçons à tirer, applicables à notre campagne pour des traitements à base de cellules souches pour une multitude de maladies.

En finir avec l'isolation des communautés de malades
On entend beaucoup parler des grèves sur le tas à Flint et à l'usine Fisher #1, mais en fait, au même moment de nombreuses grèves, sur le tas ou non, avaient lieu dans d'autres usines automobiles. Cependant, le concept déterminant de l'United Autoworker Union était celui d'un syndicat d'industrie, regroupant des travailleurs de toute l'industrie automobile. C'est là la raison précise pour laquelle l'UAW a pu être victorieuse.

Faire une recherche à propos de groupes en faveur des cellules souches ne donne pas grand-chose. Par contre, si vous recherchez des groupes pour la recherche sur les cellules souches concernant des maladies spécifiques, vous en trouverez des milliers. Parmi ceux-ci, nombreux sont les groupes qui font plus que plaidoyer en faveur des cellules souches, et financent leurs propres recherches ; cela signifie être en concurrence avec les groupes des autres maladies, pour récupérer dollars comme influence.

This is one of the reasons why industrial unions organized workers in entire industries - to stop the competition amongst workers to undercut wages and conditions in a race to the bottom for jobs.
C'est là l'une des raisons pour lesquelles les syndicats industriels organisèrent les travailleurs de secteurs tout entiers de l'industrie : pour mettre un frein à la concurrence entre ces travailleurs qui ne pouvait mener qu'à un nivellement par le bas des salaires et des conditions de travail.

We are closer than we have ever been to stem cell based cures, it's time for unity, not competition that will leave all groups empty-handed.
Aujourd'hui, plus que jamais, nous sommes tout proches des traitements à base de cellules souches. C'est l'heure de l'union, pas celle de la compétition qui laissera tous les groupes les mains vides.

Développer des soutiens parmi les malades comme les non-malades
150 000 manifestants sur Cadillac Square
Bien que le nombre de maladies que les cellules souches pourraient permettre de guérir soit très élevé, les malades, le ciel soit loué, restent une minorité. Or, tout mouvement qui se refuse à étendre son influence au-delà d'une minorité est condamné à l'échec. Malgré la taille de l'UAW, malgré son poids, les ouvriers de l'industrie automobile sont une minorité dans la société, et ceux qui ont remporté la victoire historique lors de la grève de l'usine Fisher #1 n'y seraient jamais parvenus sans les 150 000 travailleurs qui se rassemblèrent sur Cadillac Square, sans les 5000 sympathisants qui encerclèrent l'usine lorsque la police tenta d'interrompre les livraisons de nourriture.

Comment l'UAW a-t-il pu réunir 150 000 personnes pour soutenir ce qui était, en comparaison, un groupe très restreint ? Il n'ont pas joué sur la cupidité ou sur la peur, ils ont fait appel à la capacité des gens à voir ce qui est juste. Les gens sont ainsi, remarquables, ils réagissent aux messages positifs.

Qu'y a-t-il de plus juste que de s'assurer que les malades sont soignés ? Si l'UAW, un petit groupe en 1936, a pu réunir 150 000 personnes pour soutenir une grève, pourquoi ne pouvons-nous pas faire la même chose, dans le domaine des cellules souches ?

Mobiliser les sympathisants
Ce qui nous amène à mon dernier point, à propos duquel je serais heureux d'avoir vos commentaires.

Je ne suis pas de ceux qui critiquent les nouvelles technologies, mais j'entends déjà les voix de ceux qui diront "ça n'est pas avec un blog que l'on aura des traitements". Tout ce que je peux répondre, c'est : je le sais, mais aujourd'hui, notre capacité à atteindre un large public est plus grande qu'elle ne l'a jamais été, nous devrions alors être capables de rassembler bien plus que 150 000 sympathisants en faveur des traitements à base de cellules souches. La grande question est alors, pourquoi n'y parvenons-nous pas ?

La raison qui me vient à l'esprit, c'est le message qui est envoyé par de nombreux groupes qui se battent pour les traitements. Ce message, en gros, dit "financez les recherches sur les cellules souches, car elles pourront guérir la maladie que nous avons". Bien sûr, durant la grève sur le tas à Flint, l'UAW avait aussi des revendications concrètes, sur le travail, les salaires, mais il s'agissait également d'un message sociétal. C'était un mouvement pour la démocratie. Dans une société où le totalitarisme des entreprises était toléré, l'UAW parlait de la démocratisation du travail, et de la société. Les 150 000 manifestants sur Cadillac Square n'étaient pas là uniquement pour soutenir les ouvriers de Flint, mais aussi pour revendiquer un changement fondamental dans la société.

Les groupes en faveur des cellules souches se doivent de tirer une leçon de ces combats. Les revendications doivent être plus que justes, "donnez-nous des traitements à base de cellules souches", nos messages doivent parler du gaspillage de la science à des fins de destruction, comme dans le cas des bombes atomiques. Revendiquer une société dans laquelle les hommes ont la priorité, et pas seulement dans les pays développés. Un monde dans lequel marcher sur Mars attendra que les hommes marchent sur Terre. Le combat pour les traitements à base de cellules souches doit être celui d'une société où les hommes passent en premier.

Et c'est pour cela que je n'ai pas commencé l'article d'aujourd'hui, à propos de la grève sur le tas, avec une photo de gens assis. Si les seules personnes impliquées dans la grève avaient été celles qui étaient assises à Fisher #1, l'histoire dont nous aurions parlé aujourd'hui aurait été "le massacre de Flint".

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